La reprise des hostilités à l’intérieur de la Turquie a été un échec militaire et sans doute politique pour le PKK, qui a, en vain, tenté de créer des zones urbaines libérées, sans obtenir de mobilisation populaire. Erdogan a gagné son pari : il a redonné son lustre à la Turquie, elle a sa place sur l’échiquier politique mondial. Même si la tension avec la Russie a culminé en novembre 2015 avec la destruction d’un avion militaire russe par l’aviation turque (attaque attribuée aujourd’hui à des… pilotes gülenistes ! La guerre en Syrie a permis aux Kurdes syriens (dont il faut rappeler que plus d’un million d’entre eux n’avaient aucune existence légale aux yeux de l’État syrien) de devenir une des principales forces militaires et politiques de la Syrie avec le soutien américain. Il faut prendre en compte un ensemble complexe de raisons. De plus, on doit savoir que le conflit syrien se double d’une épuration ethnique. C’est bien le rêve néo-ottoman et la solidarité sunnite qui sont morts à Alep. La Turquie cultive sous son égide un soft power dont la religion est un élément de plus en plus explicite. On relève en effet assez tôt des ambivalences dans le discours de R.T. Erdogan. C’est cela que l’assassin de l’ambassadeur russe est venu rappeler, même s’il s’est bien gardé de mettre en cause Erdogan. L’AKP neutralise progressivement tous les adversaires historiques des islamistes. Son fondateur, Mustafa Kemal (1881-1938), dit Atatürk c’est-à-dire le père des Turcs, assied sa quête d’unité nationale sur une purification à la fois ethnique et religieuse. Or le parti dominant, le PYD, n’est qu’une émanation du PKK, qui a cru, à tort sans doute, que la crise syrienne était une occasion de reprendre les armes en Turquie, alors que l’AKP s’était engagé dans un processus chaotique de négociations. D’ailleurs pourquoi Erdoğan favoriserait-il l’indépendance du Kurdistan irakien alors que ce nouveau pays n’aurait de cesse que de réunir tout le peuple kurde (donc vouloir l’annexion du territoire kurde de Turquie) ? Face à une coalition hétéroclite de mutins mal coordonnés, le chef de l’État appelle ses partisans à descendre dans la rue pour "défendre la démocratie". En Égypte, la répression les a chassés au moins provisoirement du champ politique. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont M. Gülen fut l’allié entre 2002 et 2011, s’est servi sans réserve de cette influence : il a utilisé des magistrats et des policiers gülénistes pour mettre fin à la tutelle militaire sur la vie politique — avant d’accuser le mouvement, lorsque la crise a éclaté, fin décembre 2013, de s’être infiltré dans la justice et la police. Laïcité ne signifie néanmoins pas sécularisation. A Strasbourg, on vote sur le " La réussite diplomatique de la nouvelle Turquie est aussi spectaculaire. 3 A considérer la politique de laïcisation résolue menée par Mustafa Kemal, on perçoit assez nettement un écho de la politique religieuse menée par la IIIe République entre 1880 et 1905. Lors d'une visite en Géorgie en 2004, Recep Tayyip Erdoğan déclare être issu d'une famille géorgienne, originaire de Batoumi, et ayant émigré à Rize . Le sérum «était généralement bien toléré, sans inquiétude sérieuse sur sa sécurité identifiée à ce jour». Délinquance : baisse globale en 2020 sauf pour les violences... Open data des décisions de justice : un calendrier prévu jusqu'en 2025, La conférence sur l'avenir de l'Europe inaugurée le 9 mai 2021. A Lyon et à Strasbourg, où vivent de fortes communautés originaires de Turquie, les urnes ont été installées dans des bâtiments "religieux" dénoncent les partisans du "Non". Temps de lecture Elle simplifie aussi le paysage du côté islamiste. Recep Tayyip Erdoğan est né le 26 février 1954 dans le quartier historique de Kasımpaşa (en), dans le district de Beyoğlu sur la rive européenne d'Istanbul. La violence de l’antagonisme entre religieux et laïcs s’exacerbe au fil des années. Son leader, R.T. Erdogan, a conservé de la matrice islamiste traditionnelle certains ancrages. Quant à la presse laïque, elle dépérit. Mais la puissance unificatrice de l’islam n’est finalement utilisée qu’au XIXe siècle par les derniers sultans pour tenter de raccommoder un empire qui se disloque sous la poussée des nationalismes. Mais surtout, très logiquement, le ralliement d’Ankara à l’axe Téhéran-Damas-Moscou entraîne la fin du soutien (ou un soutien plus faible) aux sunnites syriens, avec pour conséquence la chute d’Alep que seule la Turquie aurait pu sanctuariser (Obama y avait renoncé depuis longtemps et les Européens n’en ont ni la volonté ni les moyens). La réussite de Recep Tayyip Erdogan et de son parti, l’AKP (Adalet ve Kalkınma Partisi, Parti de la justice et du développement), s’inscrit dans l’écosystème politique particulier de la Turquie. Nouveau coup dur pour la région déstabilisée par la guerre en Syrie. Le groupe armé État islamique (EI) a revendiqué lundi l’attentat meurtrier du Nouvel An dans une discothèque d’Istanbul,... Les relations entre Moscou et Washington sont au plus bas depuis longtemps. Erdogan avait été élu maire d'Istanbul à 40 ans, en 1994, sous l'étiquette du Refah, grâce notamment à son programme anticorruption. Ces derniers jours, la crise diplomatique entre Paris et Ankara s’est considérablement aggravée. Editorial. Sous la direction d’Ahmet Davutoglu — ministre des Affaires étrangères de 2009 à 2014 —, la diplomatie turque s’était déployée tous azimuts vers le Caucase, les Balkans et les pays arabes, dans l’idée de créer un espace d’influence avec « zéro ennemi » (d’où les tentatives de rapprochement avec l’Arménie, voire avec la Serbie, et les relations étroites avec le Kurdistan irakien). On relève 300 morts. R.T. Erdogan fait voter dans la foulée une réforme constitutionnelle qui présidentialise le régime à l’extrême et fait de lui le maître absolu de la Turquie. R. T. Erdogan, qui compte sur un électorat fidèle d’au moins un tiers de la population, continue néanmoins de les gagner. « En réalité, Erdogan est plus ottomaniste qu’islamiste au sens de proche des Frères musulmans », estime-t-il. Le problème est que l’alliance soudaine avec l’Iran et la Russie contredit à la fois la référence ottomane et la référence islamiste. Mes commentaires portent sur des détails. La transformation de Sainte-Sophie est le moment culminant pour Erdogan dans sa révolution religieuse, qu’il a amorcée en Turquie depuis plus d’une décennie, ... Politique internationale On peut aussi évoquer une paranoïa antiaméricaine où Obama se voit accuser de soutenir Gülen et les Kurdes, c’est-à-dire les deux ennemis mortels aux yeux d’Erdogan. J’attire l’attention des lecteurs du Devoir sur la photo qui accompagne cet article. Cette synergie fut très efficace durant quelques années, mais la politique de « bon voisinage » a volé en éclats avec le Printemps arabe (2011) et, surtout, l’insurrection en Syrie. On savait aussi qu’il n’y a pas de diplomatie « islamiste » et la référence aux intérêts nationaux pour rejeter l’aventure extérieure aurait certainement été comprise. Premièrement, il n’y a jamais eu de relations étroites avec le Kurdistan irakien. L’Empire ottoman, qui a parachevé au XVe siècle sa conquête de l’Anatolie, domine alors de vastes populations non musulmanes. La mobilisation est matée par la force. Son programme hybride a séduit une base sociologique plus large que les partis islamistes antérieurs. Les groupes religieux comme la Fondation Hüdayi, la confrérie Gülen et Suleymancilar réalisent de nombreux projets éducatifs et sociaux, notamment d’implantations d’écoles religieuses. Mais quelle « région » et sur quelle base ? Il fait le choix de la division et de la crispation. Les épouses voilées des ministres gênent les militaires. On l’appelle signe de Rabia (ce qui signifie quatrième en arabe). L’homme qui a assassiné l’ambassadeur russe à Ankara le lundi 19 décembre, quelle que soit son éventuelle affiliation politique, a fait éclater au grand jour la profonde contradiction de la politique étrangère d’Erdogan. En novembre 2011, la Turquie a quasiment déclaré la guerre au régime de Bachar al-Assad et a soutenu l’opposition sunnite. La laïcité est donnée comme l’un des piliers de son projet modernisateur. Mais dans tous les cas, d’un seul coup, la Turquie abandonne à leur sort les révoltés arabes sunnites syriens qu’on avait pourtant utilisés pour empêcher les Kurdes syriens d’occuper le terrain, et surtout on laisse Alep, ville ottomane s’il en fut, se faire détruire par l’aviation russe et les troupes chiites. En Turquie, le référendum sur la Constitution de ce dimanche 16 avril convoque les électeurs pour élargir ou non les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdoğan. Mais cela n’échappent pas aux partisans d’Erdoğan (qui généralement lui répondent en criant ‘Dieu est grand’). Ancien champion de l’islam sunnite, Erdogan est devenu l’allié d’une coalition russo-iranienne prochiite. Il clame son désir d’élever en Turquie des "générations pieuses". Les succès de l’AKP tiennent principalement à sa capacité à actualiser le traitement de la question religieuse. ... Pour la bonne raison, que la religion est prise en charge par un organisme nommée DIYANET , sous le contrôle du Premier ministre. Il va aussi de pair avec un rapprochement avec Israël. Lorsque Erdoğan prétendait envoyer des conseillers militaires auprès des Peshmergas, ceux-ci conseillaient plutôt les milices privées de l’ancien gouverneur sunnite de Mossoul en vue de la reconquête de cette ville. Des partis politiques islamistes structurés existent en Turquie depuis la fin des années 1960. Cette synthèse pose l’islam sunnite et la turcité aux fondements de la culture politique turque. Le salut d’Erdoğan à la foule y est fait avec les quatre doigts de la main (le pouce étant replié vers la paume). Les limites du système atatürkiste se manifestent avec le temps : les laïcs se confondent avec les élites économiques et administratives, le laïcisme appuie une société de classes, et le combat contre la visibilité de la religion aliène potentiellement la grande majorité des Turcs. Il semble utilisé les mêmes méthodes que Hitler , faire disparaître les opposants. Sa politique étrangère "néo-ottomane" ouvre des zones d’influence dans les anciennes possessions impériales, particulièrement au Moyen-Orient. Le programme du président Erdogan ne se résume toutefois pas à la réislamisation de la Turquie. L’armée est visée par des procès sanctionnant de pseudo-tentatives de coup d’État. Au moment des printemps arabes (2011), la Turquie est proposée comme "modèle" de démocratie musulmane pour guider des transitions politiques fragiles, en Égypte ou en Tunisie. La société turque ne se détache de la religion qu’en surface. Créez-vous un compte La dérive autoritaire de Recep Tayyip Erdogan est rapide. Mais il a refusé toute reconnaissance aux alévis (minorité religieuse proche des musulmans, donc obligatoirement sunnites). La promotion de l’identité islamique a paradoxalement permis de révéler la diversité sociale turque. La société perd au passage nombre de ses repères traditionnels, ce qui permet d’asseoir de façon plus absolue l’autorité de l’État. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, Erdogan ne cache pas son ambition de devenir le nouveau leader politique et religieux du monde musulman en affichant ses affinités avec le … L’efficacité de la gestion AKP se mesure d’abord en termes de développement économique et territorial. L’islam, longtemps mis à distance, est en effet redevenu une force de mobilisation politique. © Arda Savasciogullari - stock.adobe.com. Cette accession sans précédent d'un candidat islamiste au poste de maire heurte les milieux laïques, mais Erdogan … Cet espace était ici celui de l’ancien Empire ottoman, et cette quête d’influence impliquait mécaniquement le retour de l’ancienne rivalité avec l’Iran, en Azerbaïdjan et en Arménie en particulier, ainsi que des tensions avec la Russie, qui voyait d’un mauvais oeil Ankara empiéter sur l’espace post-soviétique. Issu de l’islam politique, Recep Tayyip Erdoğan s’est considérablement éloigné de l’idéologie des Frères musulmans dès son arrivée au pouvoir et a entrepris des réformes qui ont fait de la Turquie un « pays modèle » où islam et démocratie semblaient parfaitement coexister. En fait, la Turquie d’Erdogan, après le lent abandon du modèle kémaliste qui misait tout sur le lien avec l’Europe et l’OTAN, n’a jamais réussi à définir une politique étrangère stable et cohérente. La tension entre la France et la Turquie est toujours à son comble. © Si la Russie s’est portée garante d’un revirement syrien à ce sujet — en d’autres mots, si la Russie se dit en mesure de forcer la main de Bachar el-Assad — les trois pays promoteurs du gazoduc qatari perdent toute raison de vouloir la poursuite de cette guerre. Une bataille s’engage pour permettre le port de ce même voile à l’université, au nom de la liberté de religion et de la "liberté vestimentaire". Le débat fait rage sur la compatibilité des valeurs islamiques avec la candidature de la Turquie à l’Union européenne. ll a ensuite été envoyé brièvement en prison pour « activités anti-laïques », et en a tiré des leçons sur la façon de progresser en politique dans un … Le débat s’ouvre toutefois rapidement à propos de la place de l’islam dans la sphère publique. Le tableau ne serait pas complet sans l’extension politique du Cojep, le PEJ (Parti Égalité Justice), créé en 2015 et qui a même présenté des candidats (souvent issus du Cojep) aux législatives de 2017. Atatürk se méfie de l’institution du califat et de la puissance des confréries qu’il dissout en quelques années. Les libertés religieuses en Turquie contemporaine sont comprises quasi exclusivement comme des libertés des Turcs sunnites traditionnels, au détriment des minorités. Ce positionnement de la Turquie comme champion du sunnisme était parfaitement en phase avec la politique intérieure turque, qui sous l’AKP, a remis l’islam sunnite au coeur de l’identité nationale, au détriment de l’appartenance ethnique. Direction de l'information légale et administrative. Dans un contexte extérieur difficile, le président Recep Tayyip Erdogan devrait jouer l’apaisement intérieur. Pourquoi un tel revirement ? Ce signe fait allusion au massacre de la place Rabia-El-Adaouïa, en aout 2013 au Caire, où plusieurs centaines de personnes (entre 638 et 2 600) ont été tuées par l’armée égyptienne. Les personnes abattues manifestaient leur opposition au renversement militaire du président élu Mohamed Morsi (soutenu par les Frères musulmans). En 1994, Recep Tayyip Erdogan est élu maire d'Istanbul sur la liste du Parti de la prospérité. En plus des réfugiés à l’Étranger, il y a 7 à 12 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Alors que l’AKP a composé pendant des années avec la diversité sunnite elle-même, l’heure est maintenant à la reprise en main. Elle cultive également la référence historique à l’Empire ottoman. Dix ans plus tard, l’échec est patent : ce sont toujours les pays étrangers qui tirent les ficelles dans le secteur et la Turquie représente l’un des meilleurs exemples à ce sujet puisqu’elle offre une sous-traitance de l’islam qui ne coûte rien aux budgets européens en échange d’un contrôle politique toujours plus évident pour le parti d’Erdogan. Maintenant que le front de la guerre s’est déplacé dans les régions turcophones de Syrie, la Turquie n’a pas intérêt à ce que cette épuration ethnique s’y opère. de plus par mois. L’establishment kémaliste est économiquement distancé par la montée en puissance du capitalisme proche de l’AKP. La création de la République semble alors acter la marginalisation politique de l’islam en Turquie. Du lundi au samedi, découvrez l’essentiel de l’actualité. Il n’y a plus rien d’islamiste dans la politique étrangère de la Turquie. Cette synthèse islamo-libérale a relancé l’ascenseur social. Cela pourrait expliquer le revirement apparent d’Erdoğan alors que sa politique (étrangère et intérieure) demeurerait toute aussi ’sunnite’ qu’avant. L’Empire ottoman ne survit pas à la Première Guerre mondiale. Il y a deux semaines, M. Erdogan avait dénoncé comme une provocation les déclarations du président français sur le « séparatisme islamiste » et la nécessité de « structurer l’islam » en France. Le programme du président Erdogan ne se résume toutefois pas à la réislamisation de la Turquie. 3 articles gratuits Et cet abandon de ce qui constituait largement l’imaginaire du régime doit résonner aussi parmi les militants du parti, ou même, et surtout, parmi l’électeur moyen de l’AKP. Son vrai projet serait théocratique. Erdogan a indiqué que les « discours hostiles à l'Islam et aux Musulmans sont devenus parmi ... qui sont capables d'exprimer et d'influer dans les champs politique, culturel et religieux ». Les tribus turciques présentes en Asie centrale se sont converties graduellement à l’islam à partir du Xe siècle. Erdogan exploite la tendance conservatrice des Turcs vivant à l’étranger, d’autant plus que beaucoup d’entre eux considèrent l’islam comme un élément important dans la préservation de leur identité turque, selon un sondage réalisé par les sociétés de recherche allemandes “Info” et ” lILLBERG ” en 2012 sur “Les Turcs en Allemagne” “37% des Turcs vivants en Allemagne ont déclaré qu’ils possédaient de solides … Lors de ses voyages au Kosovo et en Bosnie, il ne manque pas de rappeler les liens qui unissent ces pays et la Turquie (la religion … Son conservatisme religieux s’accommode d’une doctrine économique libérale. Imprégnée de kémalisme, l’armée défend quant à elle les intérêts de l’establishment laïc et règle par plusieurs coups d’État successifs l’influence de l’islam dans les affaires publiques. Gülénistes, pro-Kurdes et libéraux sont visés par des purges gigantesques, qui aboutissent à des dizaines de milliers de limogeages et à des détentions arbitraires en masse dans l’armée, les services de sécurité, la justice et l’éducation. Sous le règne de Recep Tayyip Erdogan 1er, le voile musulman revient en force dans les établissements public, à … On a pu alors parler de « néo-ottomanisme », voire d’une politique « islamiste » menée par un président qui se rêverait en nouveau sultan. Dès les années 1950, l’islam réapparaît comme force de mobilisation sociale et politique en Turquie. Le débat fait rage sur la compatibilité des valeurs islamiques avec la candidature de la Turquie à l’Union européenne. C'est à cette époque qu'il rencontre Necmettin Erbakan, dirigeant islamiste historique, et qu'il commence à militer au sein des mouvements présidés par celui-ci, en dépit de l'interdiction qui frappe les partis politiques d'obédience religieuse. Répondant à une demande de moralisation de la vie politique, l’AKP se présente comme un parti "propre" (avec un jeu de mots sur Ak, "blanc" en turc) et épris de justice sociale. D’un seul point de vue technique, la formidable épuration de l’armée (surtout les armes « techniques » comme l’aviation) et de l’appareil sécuritaire rend l’armée turque incapable de jouer un rôle décisif dans la Syrie du Nord, et surtout pas face à la coalition russo-iranienne (qu’on pense à la faiblesse de l’Armée rouge décapitée par les purges de 1937 face à la petite Finlande en 1939). Sa mère se prénomme Tenzile . Comme en témoigne ce signe de Rabia fait aussi récemment que le 10 décembre dernier. La variété des types d’islam fréquentés (traditions arabe et persane), leur pénétration inégale et graduelle dans les systèmes de croyance antérieurs (animisme, chamanisme), expliquent certaine particularités de l’islam turc : forte présence des syncrétismes (l’alévisme, qui concerne entre 10 et 15% de la population, en est une forme), socialisation confrérique active, implication des communautés religieuses dans la vie politique. Mais le mal est fait, et la répression s’abat sur l’aile politique du mouvement kurde, le DHP, qui n’a pas su convaincre de son indépendance par rapport au PKK. L’AKP a profondément rénové le cadre institutionnel, libéré l’économie turque et permis l’expression des différences identitaires. Les journalistes étrangers n’ont jamais remarqué ce signe parce qu'étranger à leur culture. Ce dernier se brouille avec Fethullah Gülen, imam réfugié aux États-Unis, à la tête d’un vaste réseau international d’éducation, et qui lui avait fourni un grand nombre de cadres. Cela fait partie du rituel ‘religieux’ des grandes messes publiques du dirigeant turc. Erdogan/Macron : la religion dans l'arène diplomatique. Ancien champion de l’islam sunnite, Erdogan est devenu l’allié d’une coalition russo-iranienne prochiite. Soutenu par la classe des petits entrepreneurs anatoliens, R. T. Erdogan leur a ouvert les portes du pouvoir. Conforté par des victoires électorales régulières, l’AKP assume une identité plus ouvertement conservatrice. pour consulter Dans les années 2000, le pays a connu une croissance économique exceptionnelle, qui a fait émerger une nouvelle classe moyenne. La politique extérieure de l’AKP, qui noue à partir de 2011 des alliances avec tous les partis politiques arabes issus de la sphère des Frères musulmans, entretient le malaise. Dans un premier temps, l’AKP accepte, comme dans un retour du système ottoman, l’affirmation des identités ethniques et religieuses, octroie des droits culturels aux Kurdes et lâche même du lest dans le débat sur la reconnaissance du génocide arménien. Son père, Ahmet Erdoğan, s'y est installé à l'âge de 13 ans avec sa famille après avoir émigré du district de Güneysu dans la province de Rize, à l'extrême nord-est de la Turquie . Les succès de l’AKP tiennent principalement à sa capacité à actualiser le traitement de la question religieuse. Il me semble qu'a ce stade, la candidature de la Turquie, membre de la communauté européenne, semble loin de se concrétiser... on s’attend d’un tel État qu’il partage les valeurs de liberté, de démocratie, de laïcité et de respect des minorités des États modernes, n’est-il pas? On peut enfin tout simplement attribuer le revirement brutal à un cynisme stratégique, où l’on revient à une bonne vieille realpolitik. Il s’agit du plus important massacre de l’histoire moderne d’Égypte. Enfin, un des paradoxes de la réaction brutale qui a suivi le coup d’État manqué du 15 juillet 2016 est que le gouvernement turc a organisé lui-même le démantèlement des réseaux Gülen à l’étranger, écoles, associations, mosquées, mais aussi PME, qui assuraient de fait une influence culturelle et économique turque qui ne coûtait rien à l’État, et qui souvent n’étaient que lointainement associés à la confrérie. La Turquie d'Erdogan : une évolution politique spectaculaire. Les élections respectent de moins en moins les normes européennes. Connectez-vous ou créez un compte pour commenter. D’abord, la carte Frères musulmans a échoué : en Tunisie (et dans le reste du Maghreb), ils se sont fondus dans le paysage national et n’ont pas besoin de parrain turc. Certes, beaucoup renâclaient devant l’accueil des réfugiés syriens (qui portent sur des millions de personnes en Turquie) et beaucoup auraient hésité à mourir pour Alep. Deuxièmement, on doit se rappeler l’origine de la guerre en Syrie; le refus en 2010 de Bachar el-Assad d’autoriser le passage d’un gazoduc qatari. Mais écarter d’un revers de la main la solidarité islamique et l’héritage ottoman porte un coup à l’image du sultan et laisse ouverte la question de redéfinir le rôle de la Turquie dans la région. Les Ottomans ont toujours eu des rapports tendus avec les Iraniens et les Russes, et ils ont toujours joué sur la mobilisation sunnite pour défendre l’empire de la Crimée à la Libye (ce n’est pas par hasard si c’est en 1517 que le sultan Sélim reprend le titre de calife, tombé en désuétude, car c’est le moment où le chiisme devient la religion d’État de la Perse ennemie). Pour consolider cette base, il fait alliance lors du scrutin présidentiel et législatif de juin 2018 avec l’extrême droite du parti MHP (Milliyetçi Hareket Partisi). La Turquie est dirigée par Recep Tayyip Erdogan depuis 2003. D’où une raison supplémentaire de travailler à la paix. Les partis d’opposition, plus particulièrement les partis pro-kurdes, sont stigmatisés ou interdits. L’islam, longtemps mis à distance, est en effet redevenu une force de mobilisation politique. Les communautés religieuses des "gens du livre" sont organisées en millet dans une hiérarchie explicite entre croyants musulmans et infidèles juifs et chrétiens. Covid-19 : quel impact sur le marché du travail en France ? Le charismatique ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu (entre 2009 et 2014), théoricien d’une vision islamiste des relations internationales, parvient en quelques années à faire de son pays une puissance moyenne hyperactive sur la scène internationale. Bref, Ankara abandonne les sunnites arabes et, en particulier, les Frères musulmans.