Alors que 4 des 6 pays, dont la RFA, ratifient la CED en 1953 et en 1954, la querelle entre "cédistes" et "anticédistes" s'amplifie en France, à tel point que l'Italie suspend sa ratification, en attendant le résultat de la ratification française. Les Américains se rallient au projet de Monnet, même s'il est profondément amendé, notamment pour tenir compte des revendications allemandes « réarmer les Allemands, sans effrayer les Français ». À partir de mars 1953, avec la mort de Staline, puis la fin de la guerre de Corée et l'aube de la coexistence pacifique de Nikita Khrouchtchev, les cédistes sont privés de leur principal argument : le danger communiste. La seule différence serait que l'assemblée de la CED comporterait 9 membres de plus que l'assemblée de la CECA, pour donner 3 délégués supplémentaires à la France, l'Allemagne et l'Italie. À l’autre bout du monde, l’armée nord-coréenne armée par l’URSS envahit le sud du pays, soutenu par les États-Unis. Comme explique André Philip devant l'Assemblée, avec une armée européenne, il n'y aurait « plus de problème à caractère national »[13]. Il n'existerait en réalité qu'une Cour de justice, celle déjà existante de la CECA, qui serait également compétente pour la CED. Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Ce rejet entraîne également l'échec du projet de communauté politique européenne, qui lui avait été associé. Les français saisissent cette opportunité pour accepter le principe du réarmement de la RFA, non pas dans un cadre national, ce qui lui redonnerait sa pleine souveraineté et puissance, mais dans un cadre européen supranational, ce qui permettrait de l'encadrer et de la contrôler. Face à l'argumentation anticommuniste des cédistes, qui perdait de son efficacité à partir de 1953, un large front anti-atlantiste se constitua, qui gagna même des neutralistes. propose aux pays européens la mise en place d’une armée européenne avec un commandement supranational (au-dessus des nations). La Communauté européenne de défense (CED) était un projet de création d'une armée européenne, avec des institutions supranationales, placées sous la supervision du commandant en chef de l'OTAN, qui était lui-même nommé par le président des États-Unis. Parallèlement aux longues discussions relatives à la CED, les « Trois Puissances » occupantes , États-Unis, France et Royaume-Uni, mènent de difficiles négociations avec l'Allemagne de l'Ouest. La remise sur pied d'une armée à peine vaincue pose un problème existentiel et politique majeur pour la France s'y oppose catégoriquement. Aux menaces américaines, il répond : « Quand M. F. Dulles évoquait à Paris le fantôme d'une révision dramatique de la politique américaine à l'égard de la France, son amie et son alliée, je suis persuadé qu'il ne pouvait pas réprimer un sourire. La première conséquence du « crime du 30 août », fut la démission de Jean Monnet de son poste de président de la Haute autorité de la CECA. Leurs bonnes relations furent à l'origine d'une coopération bilatérale qui continuera avec les présidents qui suivirent, et qui aura des effets entrainant pour la construction européenne. La réalisation de ce plan s'effectue dans un contexte troublé pour l'Europe communautaire. Jean Monnet, aidé par quelques hommes qui travaillent avec lui à la mise en œuvre du plan Schuman : Étienne Hirsch, Paul Uri, Paul Reuter, Bernard Clappier et Hervé Alphand, rédige le projet d'une armée européenne, qu'il communique au président du Conseil René Pleven[14]. De plus ils jugeaient discriminatoires les dispositions envisagées à l'égard du statut militaire de la RFA. À partir du 10 septembre 1952, il est aisé pour chacun de ces présidents du Conseil de trouver une excuse pour suspendre le processus de ratification. Une Agence de contrôle des armements (ACA) est également crée au sein de l'UEO ayant un pouvoir de contrôle sur tous les armements des pays membres. Celui-ci venait rendre compte au chef du gouvernement d'une réunion tripartite des ministres de la défense américain, anglais et français des 20 et 21 septembre 1950, à New York. Par ailleurs, d'autres critiques apparaissent contre ce projet de traité. L'idéal européen français pour une défense européenne était à ce moment un alibi. Depuis lors, tous les présidents français et allemands formèrent ainsi des couples politiques qui devaient s'entendre. Puces électroniques : « L’Europe doit, de concert avec la Grande-Bretagne, créer un Fonds pour la souveraineté technologique » Les Etats-Unis étaient les garants de l'existence de l'Allemagne de l'Ouest face au communisme menaçant de l'Union soviétique, et face aux troupes lourdement armées du pacte de Varsovie. Cependant, pour les États-Unis, l'heure n'est plus à l'attentisme : Washington envisage de faire entrer 10 ou 12 divisions allemandes dans l'organisation du Pacte atlantique, en cours de formation. Plusieurs commissions de l'Assemblée nationale avaient déjà émis des rapports défavorables au traité, l'armée française multiplie les échecs en Indochine : le président du conseil se garde bien de jouer là l'avenir de son fragile gouvernement de coalition sur une proposition impopulaire et ne pose pas la question de confiance[32]. Dean Acheson et son homologue britannique Ernest Bevin reprennent, les 13 et 14 septembre, la discussion avec Robert Schuman, pour que la France renonce à son refus de principe d'un réarmement allemand. Les pressions américaines et britanniques sont d'autant plus fortes que, au sein du conseil des ministres de l'alliance atlantique, seuls la Belgique et le Luxembourg soutiennent la position de la France. Les dirigeants occidentaux ne prirent jamais ces offres soviétiques très au sérieux – de même que ces derniers n'y croyaient pas vraiment : l'essentiel était pour eux d'éviter une remilitarisation du pays[9]. L'armée européenne viendrait ainsi remplacer les armées nationales et les « soldats nationaux » existeraient uniquement sous le commandement d'un ministre européen de la Défense. François Mitterrand, ministre de l’Intérieur, s'abstient lors du vote. Le chancelier allemand, Konrad Adenauer, n'est en effet prêt à soutenir la CED qu'en échange de l'accession de la RFA à une souveraineté entière. Devant la volonté américaine de réarmer l’Allemagne face à la menace soviétique, la France, qui refuse la renaissance d’une armée allemande autonome, lance le 24 octobre 1950 l’idée d’une Communauté européenne de défense, qui permettrait d’inclure des soldats allemands tout en les encadrant dans une armée européenne. Le principe d'un règlement est adopté à la conférence de Londres, qui se déroule du 26 septembre au 3 octobre 1954. Ce n'est pas ici qu'on minimisera le péril communiste. C'est en effet une période où la Guerre froide s'intensifie, et où s'effectue le retour au pouvoir de De Gaulle en France. La CED, un projet avorté d’armée européenne “Une” du journal l’Humanité, le 25 octobre 1950 - Crédits : l’Humanité En 1950, face à la menace que représentent les troupes soviétiques massées à ses frontières, la République fédérale allemande, privée d’armée depuis la … Aucun de ces deux candidats ne peut être élu, certaines voix de droite, opposées à la CED se reportent sur Naegelen, tandis qu'au contraire certaines voix de gauche, favorables à la CED, refusent de voter pour lui. Pierre Mendès France, président du Conseil à partir du 18 juin 1954, essaye en vain, lors de la conférence de Bruxelles (19 au 22 août 1954), de négocier un nouveau protocole modificatif du traité de la CED. Opposition d'autant plus forte que, au même moment, le 3 novembre 1950, l'URSS fait une proposition de désarmement et d'évacuation des troupes étrangères des deux Allemagnes, qui seraient invitées à se prononcer sur leur possible réunification. Article réservé à nos abonnés. Depuis les années 1950, les tentatives pour créer une véritable Europe de la défense ont été nombreuses mais se sont toujours heurtées à divers obstacles de sorte que, malgré les déclarations d’intentions et les textes signés, l’armée européenne reste aujourd’hui un mirage. Harry S. Truman, président des États-Unis, subordonne l'envoi des troupes américaines au réarmement de l'Allemagne en septembre 1950, en contradiction avec les accords de Potsdam et les engagements pris lors de la conclusion du Pacte atlantique. R. Marjolin, qui fut l'un des principaux collaborateurs de Jean Monnet, le confessera dans ses mémoires : « L'incapacité de l'Europe à s'unir résulte d'une décision prise implicitement par les Européens après la fin de la Seconde Guerre mondiale, celle de s'en remettre aux Américains pour leur défense ». Abandonner les sujets sensibles, comme l'unification militaire, et revenir à des thématiques économiques, où les succès semblent être plus à portée, comme l'avait montré l'exemple de la, Dès l'automne 1954, naissent de nombreux projets de relance. L'argument central des anticédistes, comme le fait remarquer la correspondante du New Yorker Janet Flanner, est donc un certain anti-américanisme. Le plan Fouchet, ultime tentative inter-gouvernementale. Troisièmement, c‘est la France qui a proposé la CED et l‘a rejeté en 1954. Quant aux radicaux et aux socialistes, ils sont profondément divisés. En somme, les français prônent le supra-nationalisme européen pour mieux contrôler et empêcher les allemands, alors qu'ils recherchent pour eux mêmes la grandeur restaurée et l'indépendance nationale, notamment vis a vis de la domination anglo-saxonne, en particulier américaine. Le communiqué final du comité de défense de Pacte atlantique, le 31 octobre 1950, précise de nouveau clairement l'exigence américaine : « la nécessité de réarmer l'Allemagne de l'Ouest dans le cadre du pacte atlantique ». Enfin l'Assemblée parlementaire de la CECA, présidée par Paul-Henri Spaak, renforça le front anti-cédiste. Néanmoins, le lien personnel entre les deux chefs d'État joua un rôle décisif dans la concrétisation de l'amitié franco-allemande. Ainsi contre la CED, se développa l'opposition à une fédération européenne, qui devenait un autre motif de refus. Mardi 6 novembre, Emmanuel Macron a en effet appelé à la création d'une vraie armée européenne. Les Soviétiques sont pour leur part clairement mécontents : dix jours après l'entrée officielle de la RFA dans l'OTAN, ils annoncent la création du pacte de Varsovie et y intègrent la toute nouvelle RDA[36]. Elle oppose deux candidats principaux, Laniel (centre-droit) partisan de la CED, et Naegelen (socialistes), un adversaire de celle-ci. La solution de l'automne 1954, qui concilie une pleine reconnaissance de la RFA, moins de supranationalité dans l'organisation d'une armée européenne, une meilleure coopération du Royaume-Uni et un contrôle du réarmement de l'Allemagne, donne satisfaction à tous les gouvernements d'Europe occidentale et aux États-Unis[35]. Seuil. John Foster Dulles fait pression sur la France en laissant planer la menace d'une « réévaluation déchirante » des aides américaines en cas de refus français de la CED[9]. En effet, dès l'automne 1952, alors que le traité n'est pas encore ratifié, l'Assemblée parlementaire de la CECA, décide unilatéralement, et sans en avoir le mandat d'appliquer l'article 38 de la CED. Comment relancer le processus de la construction européenne ? Dès lors tous les chefs de gouvernement (Pinay, Mayer et Laniel) remettent au lendemain une ratification risquée. Ainsi, on n'aurait pas réarmé directement l'Allemagne, mais on lui fournirait des armes servant uniquement sous supervision européenne. Il vise le développement d'institutions communes, la fusion progressive des économies nationales, la création d'un marché commun et l'harmonisation progressive de leur politique sociale. Seule la RFA se voyait interdire la fabrication d'armes atomiques, bactériologiques et chimiques (ABC). Cette thèse de science politiqueporte sur la construction, la pratique et les usages de la Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) depuis les années 1990. Ils supprime la mention : « dans le respect des structures prévues aux traités de Paris et de Rome instituant les communautés européennes ».